Mercedes Erra : « Faire bouger le monde, c’est plus facile de le faire ensemble que de chez soi ! »
Interview
Fondatrice de BETC, première agence française de publicité, et Présidente de BETC Groupe, Mercedes Erra explique pourquoi les bureaux sont au centre de la stratégie de l’entreprise, qu’il s’agisse de management, de créativité ou de bien-être.
Mercedes Erra
Présidente
BETC Groupe
Vous avez cassé les codes en vous installant hors de Paris, un pari osé à l’époque. Quatre ans plus tard, quels en sont les effets ?
« Le fait de s’installer à Pantin, c’était un acte militant. Notre conviction, c’est qu’il faut s’installer dans un quartier qui a besoin de nous. Et aujourd’hui, Pantin bouge peu à peu. Nous avons l’’impression de faire du bien à cette ville, à la banlieue. Paris, ce n’est pas limité au périphérique. Et nous avions envie de participer à l’émergence de cette culture « beyond-périph’ » et à la construction du récit du Grand Paris. »
En termes d’aménagement, par quoi aviez-vous commencé ?
« Ce qui est sûr, c’est que nous n’aimons pas quand il n’y a pas d’architecture, de vision architecturale. Nous faisons de la création, nous sommes des fous de design, d’architecture, de maisons… Nous avions besoin d’être entourés de pensée créative. Je n’arrive pas à croire qu’en mettant les gens dans quelque chose de laid on peut travailler et être créatif. Nous sommes des militants, nous croyons en la beauté, et nous ne sommes pas emballés par les tours qui se ressemblent toutes. En aménageant à Pantin, nous avons eu l’impression de défendre un bâtiment qui existait déjà fortement, sur lequel nous allions mettre notre empreinte, et de porter une vision neuve de l’architecture d’un lieu de travail. »
Comment le Covid-19 a-t-il impacté votre organisation ?
« Avant le confinement, nous ne surveillions déjà pas individuellement la présence des employé.es dans les bureaux. Nous avions mis en place le télétravail en toute confiance, et nos collaborateurs travaillaient à la maison lorsque cela les intéressait. Aujourd’hui, c’est devenu la norme de ne pas travailler au bureau. Mais lorsque vous n’êtes pas là physiquement, pour des créatifs par exemple, ce n’est pas pareil. Parce qu’on a besoin de travailler en binôme et en équipe, de réfléchir ensemble. Demain, je ne pense pas que le nouvel équilibre sera ‘deux jours à la campagne, et deux jours au bureau’. Ce ‘nouveau monde’ va être compliqué à créer, car il sous-entend une proximité entre lieux de résidence et bureaux. Il faudra réhabiliter le travail en présentiel en majeur, parce que c’est aussi en travaillant ensemble qu’on fait de belles choses.
Comment faire pour convaincre la jeune génération de revenir au bureau ?
« Bizarrement les jeunes ont été encore plus bousculés par le COVID. Surmenés, isolés, à l’étroit… on s’est aperçu que les mamans et les jeunes étaient très malheureux pendant cette période de confinement. Ils comprennent très bien les avantages concrets des bureaux : le contact avec les plus expérimentés, la nourriture familiale de notre cantine, les lieux de vie, l’ambiance… Chez BETC, les employés viennent parce qu’ils croient en leur métier, en l’idée d’équipe, qu’ils sont convaincus ainsi de faire bouger le monde. Et c’est plus facile à faire ensemble que de chez soi. »
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