Jacques Pommeraud
Directeur général Afrique, France et Services aux gouvernements de Bureau Veritas
Qu’il s’agisse d’expertise bâtimentaire, de santé & de sécurité, ou d’enjeux environnementaux, Bureau Veritas France accompagne les entreprises dans leur stratégie immobilière, et dans leur façon d’appréhender la pratique du télétravail.
La crise du Covid-19 marquera-t-il un « avant-après » dans notre rapport aux bureaux ?
Oui, il y aura un avant et un après dans notre rapport aux bureaux. Bien sûr, leur fréquentation et les nouveaux usages vont modifier nos attentes, mais le vrai changement induit par le télétravail, c’est son impact sur les méthodes managériales. En télétravail, le rôle du manager est celui d’un coach, d’un animateur, qui doit sentir à distance les signaux faibles d’un éventuel mal-être d’un collaborateur ou d’une baisse de motivation. Plus que jamais, il faut être à l’écoute de ses collaborateurs.
Pour le modèle français, où le présentéisme était fort, c’est un vrai changement. Mais même de retour au bureau, ces nouvelles pratiques managériales devraient perdurer. Les espaces de bureaux, eux, seront bien plus connectés, centrés sur la créativité et orientés vers les échanges. Ce sera un endroit complémentaire à celui de la maison, un lieu de vie agréable où l’on peut accueillir des clients sans problème, leur montrer les solutions que l’on propose, et des lieux intégrés dans leur environnement, dans les quartiers, afin de bénéficier des services alentours de la ville et gagner en attractivité.
Comment avez-vous intégré ces nouvelles pratiques chez Bureau Veritas ?
Les nouvelles attentes appellent de nouvelles pratiques. Personnellement, je n’ai plus de bureau ! Je travaille au sein d’un open space. Ce qui importe, c’est que lorsque je suis au siège, je suis avec les équipes, à même d’interagir avec elles le plus facilement possible. Le bureau « statutaire », différent selon votre position hiérarchique, c’est terminé ! Chez Bureau Veritas, nous avons fait disparaître les bureaux individuels de notre schéma directeur immobilier. Mais ce n’est pas nouveau : avant la crise sanitaire, nous avions déjà rendu accessible à tous les salariés le télétravail, sur la base du volontariat et ce, jusqu’à 5 jours par semaines pour les personnes éligibles. Ce qui a changé, c’est le degré d’adhésion. Aujourd’hui, les trois-quarts de nos employés le pratiquent, à raison de 2,7 jours par semaine en moyenne. On l’autorise même depuis les résidences secondaires, parce que ce qui nous importe, c’est le bien-être et l’équilibre personnel des employés. De la confiance réciproque nait la performance collective
Quels conseils donneriez-vous aux dirigeants ?
Nous conseillons, à travers notre programme « Remote by BV », les entreprises dans leur stratégie d’adoption des nouvelles pratiques du travail à distance. L’erreur que trop de dirigeants font, c’est de voir cette mutation sous l’angle uniquement technique : les questions d’équipements, la logistique, l’organisation des réunions… Pourtant, au coeur de ce processus, il y a l’aspect humain, la conduite du changement, bref, toute la révolution culturelle liée à la pratique du télétravail. Si l’on n’est plus en contact avec ses collègues au bureau, il faut d’autant plus communiquer sur la raison d’être de la mission de l’entreprise pour fédérer les équipes à distance. Il faut également constamment prendre le pouls du bien-être des employés pour bien comprendre ce qu’ils attendent des bureaux lorsqu’ils s’y rendent. Demain encore plus qu’aujourd’hui, les espaces de travail seront co-construits !
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