Mickaël Locoh, VP, Europe du Sud et Afrique Steelcase : « Un ‘grand bureau’ en Espagne cela n’a pas la même taille qu’un ‘grand bureau’ en Angleterre ! »

Interview

« Un ‘grand bureau’ en Espagne cela n’a pas la même taille qu’un ‘grand bureau’ en Angleterre ! »

Spécialiste de l’aménagement des espaces de travail*, Steelcase est présent dans plus d’une vingtaine de pays. Il observe avec attention les différentes culturelles et l’évolution des demandes en matière d’aménagement.*

Quels sont les changements en matière d’aménagement que vous avez pu observer au cours des deux dernières années ?

Post-confinements, la question du lieu et de ses usages est centrale. En filigrane, il y a bien sûr le sens et l’image que cela donne de la culture d’une entreprise. Afin d’attirer les collaborateurs, nous concevons les bureaux comme des « quartiers » : les quartiers mono-usages ne fonctionnent plus ? Les bureaux mono-usages non plus. Si l’on prend l’exemple de la cafétéria : plus aucune entreprise ne la conçoit comme celle de la célèbre série « caméra café » ! Nous faisons des espaces « workcafé », avec de quoi se faire un café certes, mais qui comprend aussi un espace visio, une box pour passer des coups de fil en urgence... C’est là que germent les idées, il faut que le lieu soit adapté !

Qu’est-ce qui chez vous, au « WorkLife Paris », reflète votre vision du bureau ?

Nous avions tenté de quantifier le nombre de façons de travailler qu’il était possible d’adopter dans nos bureaux... et avions vite arrêté de compter. Car si l’on croise tous les paramètres (digital, hybride, ouvert, fermé, formel, informel...), les possibilités sont quasi infinies. Aujourd’hui nous apportons une attention particulière à la qualité des réunions hybrides, avec un son et une image irréprochable. 70% des réunions se font avec au moins une personne à distance : il faut qu’elles soient au même niveau d’engagement que les autres, pas qu’elles soient réduites à des miniatures de quelques centimètres sur un écran.

Travaille-t-on ensemble de la même manière à Madrid qu’à Londres ou à Paris ?

Il y a des tendances de fond qui sont mondiales et un besoin d’uniformisation dû aux collaborations internationales où les voyages sont très fréquents. Mais des différences subsistent. C’est vrai qu’en Espagne, la typologie des températures entraine un rythme de travail différent sur une journée. En France, nous sommes les « champions » des espaces individualisés, parfois fermés, ce qui est une demande bien moins forte dans les pays anglo-saxons, où le nombre de bureaux attitrés a diminué deux fois plus vite qu’en France après la pandémie. Autres exemples, nous avons tous une zone d’intimité autour de nous... mais la taille de cette zone n’est pas la même dans les pays européens. Un « grand bureau » en Espagne, cela n’a pas la même taille qu’un « grand bureau » en Angleterre. Cela peut jouer à quelques centimètres parfois, mais en matière de space-planning, à l’échelle d’un immeuble, cela a des répercussions importantes. En Angleterre, travailler sur un bureau d’un mètre vingt, élégant ou design, c’est normal, alors qu’en Allemagne où l’aspect fonctionnel prime, la norme c’est de travailler sur un bureau modulable en hauteur.