Aude Grant, Directrice générale déléguée, directrice des opérations SFL : "Madrid, Londres, Berlin, Paris... quand les grandes entreprises « benchmarkent » les capitales"
Interview
Madrid, Londres, Berlin, Paris... quand les grandes entreprises « benchmarkent » les capitales
À l’écoute des évolutions du marché, Aude Grant observe une évolution des attentes, encore plus portées sur l’équilibre entre vie professionnel et vie personnelle. Comment faire de Paris une championne en la matière ?
Comment le Paris Workplace aide-t-il SFL dans la conception et l’aménagement de ses actifs ?
Pour nous, l’étude Paris Workplace est un laboratoire d’innovation pour la création des immeubles de demain. Dans le contexte de « guerre des talents », les bureaux font bien sûr partie de l’équation et doivent s’adapter à la demande des salariés. La concrétisation de cette mesure fine des attentes des salariés s’est concrétisée récemment avec la livraison de l’immeuble Biome, dans le XVe arrondissement de Paris, qui permet un haut niveau d’interactions entre les salariés, offre beaucoup d’espaces extérieurs et une grande qualité de services.
L’étude nous permet également d’engager un dialogue avec nos clients locataires, nos fournisseurs, le marché, afin de mettre les sujets immobiliers au cœur des enjeux stratégiques.
Pourquoi avoir décidé cette année de vous intéresser à 3 villes étrangères en plus de Paris ?
Il y a bien sûr notre histoire avec Colonial, notre actionnaire majoritaire, qui est basé à Madrid. Mais c’est un choix également pragmatique : aujourd’hui, les entreprises internationales à haute valeur ajoutée comparent les offres des différentes capitales européennes, elles nous « benchmarkent » ! Nous avons donc souhaité élargir notre champ de vision car demain, les entreprises actuellement situées à Londres, Berlin ou Madrid seront peut-être tentées de s’installer à Paris.
Que nous apprend cette étude ?
L’étude montre, avec quelques nuances et différences bien sûr, qu’une forme d’homogénéité des attentes se dégage, que ce soit en termes de télétravail, de quartier préférentiel, d’environnement. Il est d’ailleurs intéressant de noter que chacun, à sa manière, y répond de façon différente suivant l’état de son parc tertiaire. J’observe aussi une évolution en matière de choix de carrière. Tandis qu’il y a quelques années Londres faisait figure d’eldorado pour les opportunités professionnelles qu’elle représentait et en dépit d’une qualité de vie moindre, il semble que les critères aient changés au bénéfice d’un meilleure équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Et c’est ce qui explique en partie l’attractivité de Madrid.
La note donnée au bien-être au travail des Franciliens (6,9/10) atteint un niveau record depuis 9 ans : qu’est-ce que cela dit de notre rapport au bureau ?
C’est un indicateur majeur, car nous notons au fil des ans une corrélation entre le bien-être au travail et la performance professionnelle. C’est donc un vrai argument pour les entreprises situées à Paris ou qui souhaitent s’y installer. Encore une fois, l’exemple de Biome en est une bonne illustration, puisque si La Banque Postale décide d’y réunir ses équipes, c’est pour leur offrir quelque chose que les autres n’ont pas : une centralité, une facilité d’accès, une multitude de services... Et les premiers salariés à avoir visité les lieux sont emballés.
Comment caractériseriez-vous le savoir-faire parisien en matière de bureaux : qu’est-ce qui nous différencie des autres capitales ?
Ce qui nous différencie plus, c’est probablement l’attention servicielle associée à la qualité du design et de l’architecture. Malgré des contraintes administratives plus fortes à Paris qu’à Londres, nous parvenons à faire naître des projets architecturaux extrêmement innovants, et qui deviennent des vitrines des entreprises occupantes. Mais attention à ne pas nous reposer sur nos lauriers car les Anglais sont en pointe en matière de services, de restauration commerciale, d’animation des pieds d’immeuble... Paris doit garder son attrait, sa réputation de « Ville lumière », de capitale culturelle tout en améliorant des fondamentaux de la vie quotidienne : la qualité des transports, la propreté, la sécurité, pour allier un cadre de vie plus doux qu’à Londres... et les atouts d’une ville monde.