Alexandra Dublanche, Vice-présidente chargée de la Relance, de l'Attractivité, du Développement économique et de l'Innovation Région Île-de-France : « L’Île-de-France, seule région qui peut jouer le rôle de hub global européen »

Interview

« L’Île-de-France, seule région qui peut jouer le rôle de hub global européen »

Comment faire de l’Île-de-France un pôle d’attractivité au niveau continental ? En misant sur l’équilibre entre travail, loisirs, et qualité de vie, d’après la vice-présidente de la région.

La Covid-19 a-t-elle eu un impact sur l’attractivité de la région Ile-de-France ?

Malgré le Covid, l’attractivité de la Région Île-de-France a fait mieux que résister : en 2021, elle a accueilli 404 investissements directs internationaux, soit une hausse de 20% par rapport à 2020. Une performance que je salue, d’autant qu’elle se traduit concrètement en termes d’emplois : ces investissements représentent à terme près de 10 200 emplois. Quant aux entreprises étrangères, ce qu’elles nous disent aujourd’hui c’est que la Région Île-de-France est la seule région européenne qui peut jouer le rôle de hub global qu’a joué Londres par le passé.

Que mettez-vous en avant pour attirer les implantations ?

Nous avons fait de la région Île-de-France une région multilingue, avec 9 lycées internationaux qui seront opérationnels d’ici 2023, soit un doublement par rapport à 2015. Nous avons fait de la Région un hub mondial d’innovation, en développant les atouts du territoire en matière de R&D et en investissant largement. Nous avons créé un leadership sur les filières de demain, et notamment sur le quantique avec le Pack Quantique Île-de-France qui a engagé 2.5 milliards d’euros sur trois ans afin de créer des synergies entre grands groupes industriels et startups. Nous souhaitons aussi capitaliser sur un contexte porteur : nous tirons encore les conséquences du Brexit, l’horizon des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 se rapproche. Le projet du Grand Paris Express se concrétise : de nombreux projets de renouvellement urbain sont liés à ce projet.

Madrid attire pour son rythme de vie, Londres a beaucoup joué sur l’attractivité de la City, Berlin attire les start-ups... Y a-t-il selon vous une spécificité qui fait l’atout de la région capitale ?

Je crois que notre spécificité, c’est justement d’être une Région qui soit un endroit où l’on peut à la fois bien vivre et travailler. Et c’est cette spécificité qui guide notre politique régionale d’attractivité et de développement économique. Avec une attention toute particulière portée à l’innovation. Là encore, le Covid a montré son rôle crucial, ne serait-ce que parce que l’innovation nous permet d’imaginer les solutions aux grands défis d’aujourd’hui, qu’ils soient sanitaires ou environnementaux. Enfin je crois que notre spécificité, c’est aussi l’attention que nous portons à notre impact. Plus qu’un « Paris way of work », je crois qu’il s’agit d’un « Paris Region way of life » qui allie qualité de vie, innovation et développement durable.

Quels sont les axes de développement en matière d’immobilier tertiaire en Île-de-France, et plus précisément à Paris selon vous ?

Aujourd’hui, de plus en plus de personnes travaillent en flex-office. L’immobilier de bureaux traditionnel recule, mais cela offre de nombreuses opportunités d’investissements en phase avec les aspirations de la société, notamment environnementales. De nombreux espaces se sont libérés, qui pourraient être renouvelés en hybridant les formats : résidentiels, bureau, commerce… et en portant davantage d’attention à l’environnement et à la qualité de vie. Par ailleurs, depuis le Brexit, les volumes de transaction sur le marché de l’immobilier de bureau sont en déclin au Royaume-Uni. Cela contribue à renforcer l’attractivité de la Région Île-de-France, perçue comme diversifiée, équilibrée et résiliente.

Les Franciliens plébiscitent (83%) les quartiers mixtes plutôt que les quartiers d’affaires. Y a-t-il une spécificité francilienne en matière de vie de quartier ?

Ce que cherchent aujourd’hui les habitants et les talents, c’est avant tout un bon équilibre entre travail, loisirs, et qualité de vie. Prenons l’exemple du projet d’Arboretum à Nanterre : à 15 minutes de Paris, ce projet bas carbone comprend 125 000 m2 de bureaux et services, des espaces verts, le tout sur un hub de transport. Je pense aussi à ECOTONE, à Arcueil. Le Grand Paris Express, en réduisant de moitié les temps de transport dans la Région, va renforcer cette tendance et créer de nouvelles opportunités de développement urbain, et notamment de quartiers mixtes.