Les salariés parisiens rêvent-ils de quitter Paris ?
- Malgré le climat économique morose, malgré l’état d’urgence et les grèves récurrentes, les salariés parisiens se disent très majoritairement attachés à leur ville (77 %). À tel point qu’ils ne veulent pas en bouger : s’ils avaient le choix entre Londres et Paris, seuls 20 % des salariés parisiens choisiraient de travailler à Londres. Inversement 17 % des Londoniens traverseraient la Manche si on leur en donnait l’opportunité. Les deux villes jouissent donc d’une attractivité comparable alors même que les dynamiques en termes d’emploi et de salaires sont plus favorables à Londres.
- Les Parisiens semblent étonnamment sereins compte tenu du contexte : 80 % des salariés de Paris-intramuros disent ne pas ressentir d’insécurité sur le trajet du travail, un chiffre qui monte même à 81 % dans les quartiers visés par les attentats de 2015 (10e et 11e arrondissements).
- Les 3 mots qui définissent le mieux Paris, selon les Parisiens : belle, dynamique, festive.
Les salariés parisiens attribuent à leur ville les qualités d’une capitale économique et culturelle.
Les 3 mots qui définissent le mieux Londres, d’après les Londoniens : ouverte sur le monde,
dynamique, innovante – ils brossent le portrait d’une ville cosmopolite et pionnière. - Seul hic : la météo. À Paris comme à Londres, 4 salariés sur 10 affirment que le climat de leur ville
leur « pèse sur le moral ».
Rapport au lieu de travail – des cultures locales radicalement différentes
- Le lieu de travail recouvre une importance symbolique et sociale beaucoup plus forte à Paris qu’à Londres. Les Parisiens estiment à 89 % que leur bureau impacte leur bien-être (contre 64 % des Anglais) et à 80 % qu’il impacte la performance de l’entreprise, contre 53 % pour les Anglais.
- Les Parisiens sont aussi deux fois plus nombreux que les Londoniens à juger que la vie sociale entre collègues est une des trois principales raisons de se rendre au travail (42 % contre 18 %). Ils y voient un lieu de relation sociale, dans lequel le repas joue un rôle essentiel : les Parisiens prennent en moyenne 1 h 12 pour déjeuner, contre seulement 48 minutes pour les Londoniens, et ils sont 84 % à déjeuner régulièrement avec des collègues (contre 58 % à Londres).
- A contrario, les Londoniens voient essentiellement dans le lieu de travail un outil fonctionnel au service de l’efficacité du travail individuel et collectif. Ils plébiscitent tout ce qui a trait à la fluidité : travail nomade, facilité de circulation dans le bâtiment, ouverture des bureaux 24h/24. La socialisation se joue en dehors du bureau lors de l’afterwork, qui reste sacré : 70 % des salariés londoniens boivent régulièrement des verres avec des collègues après le travail, contre 25 % des Parisiens.
- Autre manifestation des différences culturelles, le niveau d’acceptation de l’open space : 80 % des Londoniens en open space se disent satisfaits de leurs bureaux, contre seulement 54 % des Parisiens. A contrario, les Parisiens travaillant dans des bureaux fermés (individuels ou partagés) sont 82 % à se dire satisfaits de leur bureau.
- Il faut dire qu’à Londres, l’open space est entré dans les moeurs : 58 % des Londoniens occupent des bureaux ouverts, contre 43 % à Paris. Les Londoniens sont aussi trois fois plus nombreux que les Parisiens à ne pas avoir de poste de travail attitré (10 % vs 3 %). À Paris les salariés occupent donc majoritairement des bureaux fermés, à hauteur de 54 % (contre 32 % à Londres).
Où vaut-il mieux travailler : à Paris ou à Londres ?
- Sur le critère du temps de trajet pour se rendre au travail, Paris l’emporte haut la main : les Parisiens passent chaque jour 24 minutes de moins que les Londoniens dans les transports. Sur une année, cela représente l’équivalent de 8 journées de travail ! La densité parisienne et le coût du logement deux fois moins élevé qu’à Londres permettent aux salariés d’habiter en moyenne à une distance « raisonnable » de leur lieu de travail.
- Pour l’aménagement des bureaux et les services proposés, avantage Londres : les Londoniens ont un niveau de satisfaction de 3 à 10 points supérieurs sur des items, tels que la qualité des connexions, le confort du poste de travail, le design des parties communes, la qualité des salles de réunion. Comment expliquer ce différentiel ? Confrontées très tôt au renchérissement du prix du mètre carré, les entreprises londoniennes ont réussi à optimiser l’espace tout en améliorant l’expérience-utilisateur, par le soin porté au design global, aux espaces collaboratifs et aux services proposés.
- Pour la qualité du quartier et de l’environnement de travail, match nul : les niveaux de satisfaction en matière de sécurité, de qualité du cadre de vie, de présence de commerces et restaurants, sont quasi identiques à Paris et à Londres. Paris devance légèrement Londres en matière de qualité architecturale, et Londres domine Paris pour la présence d’espaces verts.
- Temps de travail :** le temps de présence au bureau des salariés parisiens est de 8 h 06 en moyenne, contre 8 h 24 pour les Londoniens**. En résumé, les Parisiens passent moins de temps dans les transports, plus de temps à table et moins de temps au bureau… pour une qualité de vie globale qui est donc satisfaisante.